À vélo dans Paris

« Au début, beaucoup de gens se sont moqués de moi et m'ont pris pour un fou, surtout les collègues », raconte Philippe Genty. « Mais cela ne m'a pas empêché de continuer. » Cet ébéniste de formation a travaillé pendant 20 ans pour la chaîne de télévision Canal+ avant de décider, en 2016, d'entamer une nouvelle vie en revenant à son ancien métier. Il créée alors un modèle tout à fait digne d'un visionnaire : « Je vis à Paris, une grande métropole où les loyers sont hors de prix et les routes régulièrement bloquées par les embouteillages. Pourquoi ouvrir ici une ébénisterie avec un atelier et des véhicules professionnels ? », se demande Genty. La réponse ne se fait pas attendre : « Je n'ai pas de camionnette, ni même d'atelier. Tout le matériel dont j'ai besoin pour mon travail d'ébéniste, je le transporte sur mon vélo cargo. »

Des Systainer remplis de visseuses et de ponceuses sans fil sont empilés sur les porte-bagages et les surfaces de chargement de son vélo cargo. L'artisan a également emporté la scie plongeante sans fil TSC 55 et un Systainer contenant des outils à main. Il a même installé sur son vélo un support pour suspendre le rail de guidage. Et parce que la propreté joue un rôle particulièrement important lors des interventions chez les clients, Philippe Genty emporte systématiquement l'aspirateur Systainer compact CT SYS.

Cette fois-ci, il n'a pas besoin d'aspirateur. En effet, chez la créatrice de bijoux Salomé Cousseau, il peut travailler à l'air libre dans l'arrière-cour. Il doit restaurer pour elle un socle ancien en bois tourné. Genty empile les Systainer et pose sur le dessus la MFT-SYS à plan de travail MDF perforé, puis fixe une barre de bois cylindrique avec des serre-joints. Il scie la pièce à la longueur souhaitée et perce un trou avec soin à l'aide de la perceuse-visseuse sans fil PDC. Philippe Genty remet en état la mortaise et le tenon de la table et du pied avec grande précision et minutie, car il n'utilise jamais de colle ou de liant chimique.

Salomé Cousseau, qui intègre elle-même des éléments ultrafins en bois dans ses bijoux, est ravie : « Je trouve ça formidable que Philippe vienne, fasse son travail ici puis reparte. D'autres artisans examinent d'abord l'objet concerné et doivent l'emporter ou repasser éventuellement chez moi. C'est beaucoup plus compliqué. » En revanche, Philippe Genty a eu à peine besoin de deux heures pour terminer son travail. Il range son matériel puis quitte les lieux sans laisser la moindre trace. « Certains clients ne souhaitent pas confier à un étranger des meubles anciens précieux pour les faire réparer », nous explique-t-il. « Ils sont donc bien contents que je me rende chez eux. » Dans 60 % des cas, son travail consiste à restaurer des objets anciens. Philippe Genty crée et réalise également pour beaucoup de clients particuliers et professionnels des meubles en bois massif délicatement travaillés.

« L'ébéniste à vélo » a aujourd'hui une clientèle fidèle et beaucoup de nouveaux clients viennent à lui par le biais du bouche-à-oreille. Au bout de maintenant cinq années, plus personne ne se moque de l'ébéniste cycliste. Bien au contraire : son modèle de mobilité est un succès et pourrait faire des émules, notamment dans les grandes villes. C'est ce à quoi travaille Philippe Genty. Il ne se conçoit pas comme un combattant solitaire et tente également, au sein de l'association nationale « Les boîtes à vélo », de rallier à sa cause les collègues de son corps de métier tout comme d'autres artisans de France. « Rien qu'à Paris, nous comptons désormais cinq artisans du bois qui utilisent le vélo pour travailler. Et nous sommes de plus en plus nombreux », raconte Philippe Genty avec joie. Il enfourche son vélo, nous fait un signe amical et prend la route pour se rendre chez son prochain client.